Eleyne et Gauthier : la légende face à l'Histoire

Publié le 12 juin 2025 à 22:00

À Attiches, à l’angle de la rue Jean-Baptiste Collette et de l'Avenue de la Chapelle, se dresse une modeste chapelle que le temps a patinée. Au sommet de sa façade, un blason énigmatique attire le regard : deux plumes croisées et la date de 1689. Juste en dessous, gravée dans la pierre, une devise en vieux français semble murmurer un secret d'un autre âge : « Sans Plvme le clercq ne pevt escrire ». Que peut bien signifier cette phrase sibylline ? Elle est la clé d'une histoire tragique, le symbole de la légende de Gauthier et Eleyne, dont l'amour impossible a si profondément marqué les mémoires qu'ils sont devenus les géants protecteurs de la ville. Laissez-moi vous conter ma réinterprétation de cette légende ancestrale.

La légende de Gauthier et Eleyne

En l’an de grâce 1420, au cœur des terres du Pévèle, dans le silence de son château du Plouy, vivait une châtelaine, Jehanne d'Encre, Dame du Forest, du Bos et de Phalempin. Depuis que son époux, Jean de Luxembourg, châtelain de Lille, reposait en la terre sacrée de Phalempin, elle avait quitté le faste de Lille pour une vie plus retirée. Autour d'elle, une cour modeste, dont le joyau était un jeune homme du nom de Gauthier. Natif d'Attiches, il était son page, son secrétaire, son confident. Le sang de Gauthier n'avait pas la noblesse de la terre, mais son esprit portait la noblesse du ciel, et les chanoines de Seclin, devinant en lui une âme d'exception, l'avaient instruit et confié aux soins de la puissante dame. À dix-huit ans, il était la promesse d'un avenir brillant, un esprit vif dans un corps parfait.

Mais un autre éclat illuminait le château : celui d'Eleyne, filleule de la châtelaine, noble venue du château d'Hérignies. Seize printemps avaient à peine effleuré son visage. Ses yeux étaient deux parcelles de ciel d'été sous le velours de ses cils noirs, et ses cheveux, une cascade d'or pur. Le cœur du jeune clerc, si savant des livres, s'ignora des affaires de l'amour et fut pris au piège de sa beauté. Eleyne, bien que de lignée noble, ne sut repousser les regards ardents, les mots délicats et les attentions constantes du beau clerc.

Leur amour naissant n'échappa pas à la châtelaine. Loin de s'en offusquer, cette dernière, dans sa grande sagesse, songeait déjà à unir ceux qu'elle appelait tendrement « ses enfants ». Elle userait de son influence à la cour du duc de Bourgogne pour anoblir son protégé, et de sa fortune pour assurer leur bonheur.

Hélas, le destin est un fil que même les plus puissants ne peuvent entièrement dénouer. La châtelaine avait des affaires pressantes à régler avec la lointaine Rome, des fondations pieuses à régler avant son grand départ. Elle choisit Gauthier pour cette mission, certaine de sa prudence et de son intelligence.

La veille du voyage, alors que le soleil jetait ses derniers feux sur les tours du manoir, les deux amants se firent leurs adieux.

— Que de lunes passeront sans que mon regard ne croise le vôtre, ma douce Eleyne ! murmura Gauthier.

— Jurez-moi que votre cœur ne m'oubliera pas dans ces terres lointaines ! répondit-elle, une larme perlant à ses cils.

— Ce cœur ne battra jamais que pour vous.

— Chaque soir, promit-elle, quand la cloche de Phalempin sonnera le couvre-feu, mes yeux chercheront la lune et je prierai Notre-Dame de vous garder.

— À la même heure, je la regarderai aussi, comme pour y chercher le reflet de votre visage. Je rêverai à mon retour, au jour où, devenu homme noble, je pourrai enfin demander votre main.

Alors que la cloche du souper les appelait, Gauthier retint la main d'Eleyne.

— Ne me laisserez-vous aucun souvenir pour tromper ma solitude ? Une de ces plumes qui ornent votre coiffe, que je la pique à mon chapeau comme un étendard de ma dévotion ! Amusée et attendrie, la jeune fille détacha vivement une plume délicate, la lui lança et s'enfuit en riant avec malice :
« Gardez-la bien ! Car sans plume, le clerc ne peut écrire ! »

Un mois s'était écoulé. La vie au château suivait son cours paisible, mais le cœur d'Eleyne comptait les jours qui la séparaient de son aimé. C'est alors qu'un vent nouveau, froid et puissant, souffla sur la région. Le comte de Harnes, l'un des plus redoutables seigneurs de l'Artois, annonça un tournoi grandiose. Connaissant l'homme pour son orgueil et sa cruauté, la châtelaine n'osa refuser l'invitation.

Le cortège quitta le Plouy dans la lumière dorée d'un matin d'automne. Eleyne, magnifique, était assise aux côtés de sa marraine dans une litière somptueuse. Quand ils parvinrent au château de Harnes, ce fut comme entrer dans une autre dimension. La foule, les bruits, les couleurs, tout était démesuré. Le comte Louis de Harnes, un homme de trente ans à la beauté sombre et sévère, vint accueillir ses hôtes. Mais alors qu'il s'inclinait devant la châtelaine, son regard croisa celui d'Eleyne qui descendait de litière. En cet instant, le tournoi, les invités, le monde entier disparurent. Une flamme possessive s'alluma dans ses yeux ; il avait vu la femme qu'il lui fallait.

Le tournoi fut splendide, et le comte en fut le héros incontesté. Et lorsqu'il fallut couronner la reine de beauté et d'amour, c'est Eleyne, troublée et intimidée, qu'il désigna.

Un an plus tard, le château de Harnes était de nouveau en fête. On y célébrait la naissance de l'héritier de Louis et de la comtesse Eleyne. Le rang, la puissance et la passion implacable de Louis de Harnes avaient eu raison de sa résistance. Son père avait ordonné, la châtelaine, craignant le courroux du comte, avait cédé, et Eleyne avait obéi, le cœur brisé. Le souvenir de Gauthier s'était mué en un chagrin secret.

A ses côtés, Louis de Harnes restait grave et sombre. Son regard sévère, que nul n'osait affronter, trahissait souvent une agitation secrète. Car le comte n'était pas sans savoir. Avant même leurs noces, il avait percé le secret de la résistance d'Eleyne. Il avait su qu'un autre homme, un simple page, possédait le cœur que ni son rang, ni sa puissance n'avaient pu acheter. La jalousie, poison lent et amer, couvait déjà dans son âme.

Au milieu du banquet, alors que le vin déliait les langues, un son de cor retentit. Un majordome annonça qu'un pèlerin, revenant de Terre Sainte, demandait l'hospitalité.

— Qu'il entre ! tonna le comte. Ses récits égayeront peut-être cette fête.

L'homme qui entra était enveloppé d'un manteau de bure, le visage caché par une capuche et une barbe épaisse. Sa voix, lorsqu'il salua l'assemblée, était grave et lasse. Il s'excusa de ne point se découvrir, lié par un vœu. Eleyne sentit un frisson glacial la parcourir. Lorsque ses yeux croisèrent ceux de l'étranger, elle reconnut, derrière la fatigue et la douleur, le regard qui avait hanté ses rêves. C'était Gauthier.

Revenu de Rome après avoir brillamment conclu les affaires de la châtelaine, il avait appris le mariage d'Eleyne. Le choc l'avait terrassé. Il voulait se retirer dans un monastère, mais avant, il lui fallait la revoir, une dernière fois.
Le comte, dont la jalousie était une bête toujours aux aguets, l'observait.

— Sir Pèlerin, dit-il d'une voix faussement enjouée, ne nous conteriez-vous pas une romance pour célébrer la naissance de mon héritier ?

Eleyne, tremblante, murmura quelques mots pour appuyer la demande de son époux, sans oser regarder Gauthier.

— J'obéis, répondit le page d'une voix vibrante.

Il changea sa voix et commença son récit.

« Écoutez l'histoire d'Yseult la Blonde, la plus belle fleur de Cornouaille, son cœur fut promis au bon roi Marc'h, mais son âme à jamais donnée à Tristan.

Tristan était le plus preux des chevaliers, loyal, brave, et beau comme le jour naissant. Ils burent sans le savoir le philtre fatal, et leur amour devint plus fort que le serment. 

Le roi Marc'h surprit les amants au grand jour, leurs regards ne pouvaient plus mentir. D'un seul coup de son épée, il les frappa tous deux, unissant dans la mort ce que la vie séparait.

Mais ce que l'amour a lié, la mort ne peut le défaire, leurs âmes, colombes légères, s'envolèrent ensemble.

Le roi Marc'h, lui, n'a jamais connu la douceur d'être aimé… »

— Trêve de récits funestes ! l'interrompit le Comte, le visage crispé. Chantez-nous quelque chose de plus gai ! 

Le barde accorde sa harpe et sa voix s'élève, grave et claire, dans le silence de la grande salle.

« De l'Irlande venait la promise au cheveu d'or,
Sur la nef qui portait le plus précieux trésor.
Mais la soif d'un été a scellé leur destin,
En buvant le breuvage dans un philtre divin.

Refrain : Roi Marc'h eut beau maudire et séparer leurs corps,
L'amour né du voyage fut toujours le plus fort.
Ni le fer, ni l'exil, ni la peur, ni la mort,
N'ont brisé le serment qui liait leur sort.

Dans les murs de Tintagel, elle était souveraine,
Épouse du roi Marc'h, mais prisonnière de sa peine.
Chaque regard du roi, chaque geste, chaque loi,
Ne faisaient que la rendre plus fidèle à son choix.

Refrain : Roi Marc'h eut beau maudire et séparer leurs corps, etc.

Ils ont fui dans les bois, dans la forêt profonde,
Vivants comme des bêtes, seuls et bannis du monde.
Le roi les a traqués, leur offrant le trépas,
Mais leur flamme brûlait à chacun de leurs pas.

Refrain : Roi Marc'h eut beau maudire et séparer leurs corps, etc.

Puis la voile fut noire et la mort les surprit,
L'un de fausse nouvelle et l'autre de grand dépit.
Le roi crut les tenir, enfin, dans leurs tombeaux,
Mais une ronce unit les amants les plus beaux. »

— Insolent ! rugit le comte de Harnes, fou de rage. Sors d'ici avant que je n'oublie les lois de l'hospitalité et ne te châtie comme tu le mérites !

Le pèlerin se leva. D'un geste lent, il rejeta son capuchon. C'était Gauthier. Ses traits étaient creusés par la douleur, mais son regard brillait d'une vengeance satisfaite. En passant devant la Comtesse Eleyne, figée de terreur, il murmura des mots qu'elle seule put comprendre, en écho à leur dernier adieu : « Sans plume, le clerc ne peut écrire. »

Quelques jours plus tard, on retrouva le corps de Gauthier à lisière de la forêt de Phalempin. Des assassins lui avaient arraché la langue avant de le frapper de leurs poignards. Sur son cœur, soigneusement enveloppée dans un tissu, on trouva la plume qu'Eleyne lui avait donnée.

À cette nouvelle, une fièvre mortelle s'empara d'Eleyne. Elle comprit qui avait commandé le crime. Quelques semaines après que la terre d'Attiches eut recouvert Gauthier, on descendit le corps de la jeune Comtesse dans le caveau de la famille de Harnes.

Juste avant de mourir, elle fit promettre à la châtelaine d'élever une chapelle en mémoire de son amour perdu, et d'y graver pour l’éternité ces mots, témoins de leur serment brisé : « Sans plume, le clerc ne peut écrire. »

Et l'Histoire devient légende...

On dit souvent que l'Histoire, avec le temps, se transforme en légende. Mais ici, à Attiches, une question demeure : la légende ne pourrait-elle pas redevenir Histoire ? Que se cache-t-il derrière ce récit tragique transmis de génération en génération ? Les protagonistes de ce drame — la douce Eleyne, le loyal Gauthier, la bienveillante châtelaine Jehanne d'Encre et le cruel comte de Harnes — ont-ils réellement existé ? La chapelle et sa devise sont les derniers témoins d'un passé qui m’interroge, laissant planer le doute entre le mythe poétique et la réalité historique.

 

La Dame du Forest, clé de la légende

En lisant cette légende, une étrange sensation de déjà-vu m'envahit, comme si le mythe dissimulait une parcelle de vérité que je connaissais déjà. En 2020, j'ai entrepris de raconter l'histoire de la ville voisine de Leforest. Un chapitre entier de l'une de mes vidéos fut même consacré à ses seigneurs, et donc à une figure centrale de ce récit : Jehanne d'Encre, la fameuse "Dame du Forest". Un titre qu'elle transmit à son époux, Jean de Luxembourg. C'est ici que nos chemins se croisent. C'est notre point de départ, notre ancre dans le réel, le fil historique auquel se raccroche le voile de la légende.

La piste de Jehanne d'Encre étant solidement ancrée dans la réalité, une question s'impose : qu'en est-il de son terrible antagoniste, le Comte Louis de Harnes ? A-t-il, lui aussi, laissé une trace dans les archives, ou n'est-il qu'une figure façonnée par le folklore pour incarner la jalousie et la tyrannie ? Si son existence était avérée, la légende s'effacerait encore un peu plus pour laisser place à l'Histoire...

Pourtant, la quête s'avère d'abord infructueuse. Malgré de multiples recherches, le nom de "Louis de Harnes" reste introuvable dans les registres aux alentours de 1420. La piste semble s'évanouir. C'est alors qu'en délaissant les comtes pour s'intéresser aux "mayeurs" et en suivant le précieux guide d'A. De Marquette, L'Histoire générale du comté de Harnes, que l'enquête rebondit. Un nom surgit enfin des brumes du passé. Un nom qui pourrait bien être la clé du mystère : Louis de Ghistelles.

 

L'ombre de Louis de Ghistelles

Si les archives peinent à documenter son rôle officiel, il s’agit en fait du seul "Louis" ayant pu exercer une autorité sur la ville à cette époque, et le contexte familial rend cette hypothèse crédible. En 1405, la mort de Robert de Béthune laisse sa veuve, Isabeau de Ghistelles, seule à la tête de la mayerie de Harnes, déjà héritée de son père. Face à elle, un avenir incertain avec pour seules héritières deux filles mineures. Pour une femme de son rang, gouverner sans l'appui d'un époux, c'était exposer ses terres à la convoitise. On imagine alors aisément l'intervention de son frère, Louis de Ghistelles, agissant en protecteur des intérêts de sa sœur et de ses nièces, prêtant main-forte dans l'administration de la seigneurie. Son autorité officieuse aurait ainsi maintenu la stabilité jusqu'en 1413, lorsque Isabeau cède son titre en dot à son gendre, Raoul d'Ailly, qui épouse sa fille aînée Jacqueline.

Armoiries De Ghistelles

La trajectoire de Louis de Ghistelles prend fin tragiquement. Le 25 octobre 1415, il tombe aux côtés de son père, Jean, sur le champ de bataille d'Azincourt. Cette date, 1415, vient encore resserrer l'étau du temps autour de notre drame. Car même si elle date le récit en l’an 1420, la légende est formelle : l'histoire ne débute qu'une fois Jehanne d'Encre retirée dans le veuvage, après s’être retirée dans son château du Plouy. C'est une femme en deuil qui nous est dépeinte, veillant sur sa filleule, à Phalempin, là où son défunt époux repose. La mort de Louis de Ghistelles nous offre une limite, mais le deuil de Jehanne nous en donne le véritable commencement.

Mais un détail, un seul, vient jeter un trouble fascinant sur toute notre histoire. Quelques semaines à peine avant de mourir, le 8 septembre 1415, Louis de Ghistelles avait épousé une certaine... Jeanne de Luxembourg.

Généalogie [très] simplifiée pour illustrer et identifier les protagonistes

Ce nom vous est familier ? Il devrait. Car le mari défunt de notre bienveillante châtelaine, Jehanne d'Encre, s'appelait Jean de Luxembourg. Un simple homonyme ? L'arbre généalogique de cette illustre famille nous révèle une vérité bien plus complexe. Guy de Luxembourg eut un fils légitime, Jean, dont la fille n'est autre que Jeanne, l'épouse de Louis de Ghistelles. Mais bien avant son mariage, ce même Guy de Luxembourg eut un autre fils, né hors mariage mais qu'il reconnut : Jean de Luxembourg, dit "Cavelus", celui-là même qui épousa Jehanne d'Encre.

J'espère ne pas vous avoir perdu. Car la conclusion est vertigineuse : Jeanne de Luxembourg, la femme que Louis de Ghistelles épousa juste avant de mourir, était la nièce de l'époux de Jehanne d'Encre. Autrement dit, la nièce par alliance de la protectrice, et marraine, d'Eleyne. Étrange coïncidence, n'est-ce pas ? Ce mariage si tardif laisse-t-il la place pour que notre légende se déroule avant ? La perte tragique d'Eleyne, si elle est avérée, aurait-elle poussé Louis à conclure cette nouvelle union stratégique ? L'Histoire se tait, mais la légende, elle, nous souffle à l'oreille une réponse possible...

 

La quête des amants perdus

Mon enquête ne fait que commencer. Si l'ombre de Louis de Ghistelles et les liens complexes de la maison de Luxembourg donnent à la légende une épaisseur historique inattendue, ses deux principaux protagonistes, eux, demeurent un mystère.

Eleyne, "noble venue du château d'Hérignies" – ancienne forme de l'actuelle ville de Hergnies, près de Valenciennes – devrait, de par son rang, avoir laissé une trace. Et pourtant, les archives restent muettes. Aucune Eleyne ne semble correspondre à l'héroïne de notre conte. Quant à Gauthier, le clerc natif d'Attiches... tout ce que nous savons de lui se résume à ces quelques mots. Le rang de son père, même s'il était particulier, fut insuffisant pour graver son nom dans les registres du temps.

Il faut dire que notre légende se déroule peu après l'an 1400, à une époque où la mémoire des hommes du commun était volatile. Les archives de la ville, celles qui auraient pu nous parler de Gauthier, n'apparaîtront qu'un siècle et demi plus tard, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts du 20 août 1539. C'est cet acte du roi François Ier, imposant aux prêtres la tenue d'un registre des baptêmes, qui fut l'acte de naissance de notre état civil. Trop tard pour notre jeune clerc.

Eleyne et Gauthier restent donc une énigme que les archives n'ont pas su résoudre. Mais j'ai souvent du mal à m'avouer vaincu… et ma patience est grande. L'Histoire garde parfois ses secrets dans des replis inattendus, un détail oublié dans un vieil acte, une note en marge d'un registre. Un jour, peut-être, je trouverai ce détail, celui qui était caché à la vue de tous. Et ce jour-là, je vous le promets, je reviendrai vous conter l'histoire, celle avec un grand « H », d'Eleyne et Gauthier.

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